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lundi 8 septembre 2025 à 17h

Atelier "Et toi, pour toi c'est quoi le travail ?"

17h-19h Atelier "Et toi, pour toi c'est quoi le travail ?"

Atelier d'éducation populaire ouvert à tous et toutes

Suite au succès de l'atelier du 30/06/25, nous reproduisons la même formule d'atelier

- on se raconte des anecdotes lié au travail et au non travail

- on discute et critique le travail, on se partage des ressources et des idées.

- échanges Et pour nous, on voudrait que ça soit quoi le travail ?

Sur la terrasse de la Maison Mimir https://azqs.com/maison-mimir/, au 18 rue Prechter, vous pouvez apporter quelque chose à boire ou à grignotter.

Retour sur l'atelier du 30/06/25 à la Maison Mimir
"Et toi, c'est quoi pour toi le travail ?

Dans le cadre de la conférence gesticulée "RSA Guerre aux Pauvres et Paix Sociale.

Proposé par

Conférences gesticulées Grand Est https://linkstack.fr/@gesticulations.grandest

et La Voyette https://la-voyette.net/

Nous sommes une dizaine ce lundi autour de la table, sous la tonnelle, dans la cour de la Maison Mimir, un lieu associatif Strasbourgeois chargé d'histoire.
Nous nous sommes réuni.es pour parler du travail. On rappelle que, dans cet atelier, c'est le partage d'expériences qui va produire du savoir. Il n'y a pas de prof, pas de sachant. Il n'y a que des gens qui savent parce qu'ils ont éprouvé. Et c'est notre confrontation au travail qu'on va venir échanger pour, peut-être, en modifier notre perception, pour imaginer ce qu'on voudrait qu'il soit.


Il y a des chômeur.ses, des allocataires du Revenu de Solidarité Active, des artistes, des allocataires de l'Allocation Adulte Handicapé, des personnes reconnues travailleuses handicapées, il y en a une qui a signé un contrat et qui commence le lendemain. Il y a des hommes, des femmes, des jeunes et des moins jeunes.
Il y a celle qui se demande si son métier d'autrice est vraiment un travail, et qui nous dit être venue "mettre cette question au travail". Joli paradoxe qui me fait sourire. Cette autre qui dit se sentir
coupable parce qu'elle travaille "tranquille chez [elle]" et qu'elle se demande si, vraiment, "elle fait sa part". Le fait qu'elles contribuent à rendre, probablement, notre vie plus belle, ou plus drôle ou
touchante ne semble pas à la hauteur de la représentation de ce que doit être un "vrai travail".


Travailler, c'est souffrir : "si tu trouves un boulot qui te plait, tu passeras ta vie à ne pas travailler". On parle de transmissions familiales, de l'espoir porté par de "grandes études", de la sécurité de l'emploi et du statut de fonctionnaire qui représente le Graal. On parle d'indépendance financière, de la liberté de consommer, de partir en vacances, d'avoir un projet parental....
La précarité, c'est l'insécurité, la difficulté d'accéder à un logement, la confiscation du droit à se projeter, les réflexions assassines des recruteur.ses qui entendent qu'on entre dans leur entreprise
comme en religion. On met des mots : violence symbolique.
La violence de l'emploi, quand les conditions de sécurité de sont pas
respectées et que l'ouvrier n'est pas écouté, qu'il "travaille jusqu'au cou", lorsqu'on s'ennuie au travail parce que celui-ci nous semble inutile, quand la violence de classe est naturalisée : "un travail, même pas manuel, ça peut abimer".


Il y a du travail inutile et il y a du travail nocif. "On est passé du travail bien fait à la surproduction.
C'est déséquilibré. On travaille trop, pour trop produire". On sourit. On définit : c'est le capitalisme.
On se raconte les inquiétudes que génère l'obligation de 15 heures d'activité obligatoire, l'angoisse de voir ses allocations suspendues, supprimées. L'un de nous parle de ces associations qui profitent des
jeunes et de la précarité, les exploitent et les jettent sans se formaliser des conditions d'existence dans lesquelles elles maintiennent celles et ceux qui donnent tout.

Parce que du bénévolat, on va en parler autour de cette table ! Entre celle qui a choisi le RSA parce qu'elle trouve du sens dans ses activités bénévoles, celle qui se "sent plus utile au chômage" qu'en
emploi parce qu'elle fait des choses qui lui font "du bien", par lesquelles elle se politise, celui qui prend son RSA "comme un salaire" et dont une des activités et de démonter la méritocratie auprès des jeunes et de "montrer qu'il y a une autre voie", celui-là dont les projets d'interventions artistiques dans les écoles se sont vus stoppés par des coupes budgétaires, ceux qui militent infatigablement et défendent des projets d'utilité sociale, celui qui veut créer son travail en fonction des besoins qu'il a identifié, on tombe tous et toutes d'accord : le but "C'est pas de faire de l'argent, c'est de faire des choses utiles au bien commun, faire quelque chose pour les autres"
Et en creux, faire quelque chose pour nous-même.


Une question émerge : ne faudrait-il pas, plutôt que d'en changer les modalité, refuser le travail ? Ça vient nous titiller. De quel travail parle-t-on ? N'est-il pas intrinsèque à l'humanité ? Faut-il mener la bataille des mots autour du travail ? Se le réapproprier pour sortir de sa vision capitaliste ? On tombe d'accord sur le fait de la nécessité de se libérer de l'emploi plutôt que du travail. On parle d'émancipation.


Nous partageons la fierté de faire quelque chose qui a du sens. Mais quand même, "le bénévolat c'est bien, mais ça ne paye pas. Pas de retraite". Alors, militer pour un revenu d'existence ? De quel type ? En tout cas,n ce dont nous sommes sûr.es c'est qu'il faut visibiliser le travail gratuit. Celui auquel nous
sommes contraint.es mais aussi celui que l'on choisit. Il faut le visibiliser et le valoriser. On se prend à imaginer une grève des bénévoles. D'une manifestation avec, en première place, les femmes.


C'est sur cette évocation de lutte qui donne le sourire que nous faisons un bilan de ces trois heures passées ensemble. Un artiste, au RSA lui aussi, remarque que la loi "plein emploi" lui a fait rencontrer d'autres personnes, dans la même situation que lui. Son statut l'isole. Finalement, peut-être que les attaques dont nous sommes l'objet serviront à nous rendre compte que nous sommes nombreux.ses, que nous représentons une force. Nous avons rencontré "des gens qu'on ne connait pas avec lesquels on est
liés".


Rompre l'isolement, c'était la motivation de la plupart des personnes présentes dont la participation a été encouragée par la thématique. "C'est bien de fixer une thématique". D'autant, nous dit un, que,
paradoxalement, bien que le travail soit un thème central, il est peu abordé. Du moins tel que nous l'avons fait collectivement.


On a toutes et tous pu raconter au moins une anecdote, exprimer son ressenti, poser des mots. L'une d'entre nous suggère que les prises de parole soient mieux régulées la prochaine fois; parce qu'il y a une attente d'une prochaine fois. Il y a la demande de construire un après. Parce que c'est "utile", "important", que c'est "intéressant d'entendre les autres", que "ça déconstruit pas mal de choses", que ça permet "un peu de déculpabiliser" et que, nous en sommes sûr.es, c'est le début d'une organisation".


Merci à Conférences Gesticulées Grand Est d'avoir organiser ce bel espace d'échanges.

Source : https://linkstack.fr/@gesticulations.grandest
Source : message reçu le 4 août 20h