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vendredi 30 mai 2014 à 18h

Le cercle de silence

À l'occasion du cercle de silence de Strasbourg du 30 mai 2014, nous vous transmettons un lien (1) etune information strasbourgeoise (2).

1. Le lien concerne les enfants enfermés en rétention. Depuis une circulaire de juin 2012, il y en a moins en France, mais il y en a toujours (et toujours des milliers à Mayotte). Pour se rendre compte de ce que cet enfermement veut dire, nous vous invitons à consulter un article du journal anglais The Guardian, pour ses illustrations : des dessins de ces enfants. Ça se passe de commentaire.

2. Des OQTF (Obligations de Quitter le Territoire Français) continuent d'être délivrées à des étudiants étrangers de l'université de Strasbourg.

L'université plaide régulièrement la cause de tels étudiants auprès de la préfecture, sur la base de trois principes :

- La préfecture doit tenir compte de l'évaluation de l'université, seule compétente pour juger du sérieux des études. Elle ne défend pas d'étudiants fantômes.

- Tout étudiant doit pouvoir achever son cursus entamé, y compris quand il comporte plusieurs années.

- Respect du droit au redoublement, au même titre que les étudiants français ou de l'Union Européenne.

En avril 2013, la préfecture avait reconnu ces principes et cinq étudiants avaient pu être ainsi défendus. Depuis, ce n'est plus le cas. Le 25 avril dernier, elle s'est notamment montré particulièrement sourde devant cinq cas défendus par l'université.

Jamais la loi n'oblige une préfecture à expulser. Depuis cette année, tout cas laissé à son appréciation se solde semble-t-il par l'expulsion. L'université ne s'explique pas ce revirement.

En avril 2013, la préfecture avait reconnu ces principes et cinq étudiants avaient pu être ainsi défendus. Depuis, ce n'est plus le cas. Le 25 avril dernier, elle s'est notamment montré particulièrement sourde devant cinq cas défendus par l'université, se réfugiant derrière le « respect du droit ». Or la loi la place devant deux types de situation :

- des cas où le titre de séjour étudiant est de droit (ils sont de plus en plus restrictifs, mais concernent la quasi totalité des étudiants étrangers hors UE, qui eux-mêmes représentent environ 13% des 43000 étudiants de l'université),

- d'autres où il est laissé à son appréciation discrétionnaire. Par exemple, c'est le cas d'un jeune homme arrivé légalement en France pour être embauché par une entreprise ; le contrat de travail n'a finalement pas eu lieu et il s'est inscrit dans un master de l'université, où il réussit parfaitement. La préfecture refuse la conversion du visa en titre étudiant et veut l'expulser, malgré le soutien écrit du président de l'université.

Une conférence de presse a été tenue le 6 mai par des universitaires et des étudiants de l'UDEES (Union Des Étudiants Étrangers de Strasbourg) à ce sujet.

Une enseignante y a notamment indiqué la contradiction des gouvernants, appelant d'une part les universités « au rayonnement et aux échanges internationaux » et rendant d'autre part la vie et les démarches de plus en plus difficile à tout étudiant étranger. Une autre a rappelé que des filières sélectives de l'université voyaient souvent des étudiants étrangers sélectionnés par elles ne pas pouvoir entrer en France suite à des refus de visa des consulats. Il n'y a en pratique pas de recours contre ces refus, qui n'ont pas à être motivés. C'est un grand gâchis pas du tout médiatisé. La présidente de l'UDEES et une enseignante ont enfin souligné les nombreuses difficultés administratives des étudiants étrangers, même en situation régulière. Ils doivent justifier de moyens financiers, ont le stress de rendez-vous réguliers à la préfecture, le couperet possible du refus de titre de séjour en cas de redoublement etc. Enfin, l'université défend aussi quelques étudiants diplômés demandant un titre de séjour pour une première expérience professionnelle en France. Il est prévu par la loi, mais avec en pratique beaucoup d'obstacles.

Notre pays s'enfonce dans une paranoïa des étrangers irrationnelle, coûteuse et destructrice pour tous, ici les étudiants visés, et nous-mêmes.

Le 6 mai, les universitaires ont rappelé que « les étudiants étrangers sont une source de richesse pour notre université, notre région et notre pays. Savoir les accueillir et les respecter est une priorité pour notre communauté universitaire. »