samedi 5 février 2022 à 0h

[Relai] Il y a quelques années, c'était hier

Texte transmis par un enseignant bas-rhinois dans la liste "intersecteurstrasbourg" (liste crée lors du mouvement de contestation contre le projet de réforme des retraites)/

Il y a quelques années, c'était hier, un universitaire communiste à l'accent franc et rugueux, me disait : "le jour où ce sera sérieux, je sortirai le fusil".

Jamais je ne l'ai revu. Il ne me donne plus de nouvelles.

C'est donc que ce que nous vivons n'est pas encore assez sérieux.

C'est quoi, au juste, le signal, le signal qui dit : "c'est sérieux"?

Où sommes-nous donc, les samedis après-midi, mes camarades?

Nous qui nous sommes si souvent retrouvés dans la rue, ensemble, contre les lois sécuritaires, tant de fois, à chaque alerte contre nos libertés, à chaque menace du pouvoir contre l'état de droit?

Si souvent.

Les menaces sont-elles dissipées?

Où sommes-nous les samedis?

Où en sommes-nous?

Ce soir France 2 annonce la décrue des manifestants contre les "pass".

C'est ça le signal?

Le signal que nous avons raison de ne pas y être, de ne pas en être?

De ne pas renaître?

Où sommes-nous les samedis?

A l'ouest?

Ou tous déjà dans le metaverse?

Nous avons, quoi, les soldes, ... un sanglier sur le feu?

Nous attendons sans doute le signal? de qui?

Il y a quelques jours, lorsque le sinistre "pass vaccinal" fut voté, Ruffin interpelait ainsi les députés marcheurs : "Qu'avez-vous fait de vos âmes?".

Voyez-le, si pas vu. C'est une affaire de 5 minutes. 5 minutes, c'est même pas le dixième du temps d'une manif, tellement moins que le temps d'attente du sanglier, sur le feu.

Qu'avons-nous fait, nous, de nos âmes, chers amis, chers collègues, chers camarades ?

Quelle résignation! Quelle démission!

Où sommes-nous, les samedis?

Sur netflix? Sur nos écrans?

Nous pouvons ne pas y être, un samedi, deux samedis, trois samedis, et même quatre, cinq! Ou plus. Certains samedis, nous sommes malades. Fatigués. Encore au travail. Oui!

Mais tous les samedis, TOUS : absents? Depuis 30 semaines? Des sangliers sur le feu, des soldes et des netflix, ou piscine, ... depuis 30 semaines?

Sauf un jeudi 13, pour un jour de mécontentement corpo, enfin, jeudi, pas tous les jeudis non plus, un jeudi, ou deux pour certains.

Pour demander des masques, et quelques embauches... de contractuels.

Et le report des épreuves.

Mais c'est tout. Le reste, on s'en accommode. Et le samedi : sanglier!

Il y a quelques années, c'était hier, un universitaire communiste à l'accent franc et rugueux, me disait : "le jour où ce sera sérieux, je sortirai le fusil".

Jamais je ne l'ai revu. Il ne me donne plus de nouvelles.

C'est donc que ce que nous vivons n'est pas encore assez sérieux.

C'est quoi, au juste, le signal, le signal qui dit : "c'est sérieux"?

C'est quoi, le signal?

Il faut peut-être attendre des rafles? Des tués par balles? Ben oui, évidemment, ce serait ça le signal!

Tu parles, quand on en est là, plus personne ne bouge.

Donc, le signal, il doit être avant?

Avant, quand?

Le "pass" viole les principes fondamentaux de notre république.

Oh, Barbara, chère Barbara : il est trop faible ton signal! Les profs ne l'entendent même pas. Ils en saignent, mais n'entendent pas.

Ils veulent des protocoles, des protocoles, des masques, ... et le report des épreuves de spécialité.

Ils sont choqués que Jean-Michel soit à Ibiza, la veille de la rentrée.

Mais, les principes fondamentaux, Barbara... ça ne fait pas sujet, à la récré.

"Rappelle-toi Barbara

Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là

Et tu marchais souriante

Épanouie ravie ruisselante

Sous la pluie..."

Il y a quelques années, c'était hier, un universitaire communiste à l'accent franc et rugueux, me disait : "le jour où ce sera sérieux, je sortirai le fusil".

Jamais je ne l'ai revu. Il ne me donne plus de nouvelles.

Il doit être en retraite.

Qu'a-t-il fait de son âme?

Est-il dans un état proche de l'Ohio?

Entré dans metaverse?

Ou alors, il astique le fusil, en attendant... le signal?

Qui devait donner le signal, en 1938?

Daladier, il était bien du Front Pop, à la base! Un bon républicain.

Il n'était pas de l'extrême!

Et pourtant.

Il était clair, le signal.

Il y avait, déjà : les bons citoyens, et ceux qui sont en passe de ne plus l'être.

En passe de. Déjà le "pass". Le passe-passe.

En attendant Pétain, les ausweis, et les cartes de rationnement.

Et les passe-temps du samedi.

Et tout ça, dans le monde de 1938 : sans QR-Codes et sans écrans.

Alors, inondés d'écrans, mazette... le signal, on risque pas de le rater, hein?

On le recevra tous en même temps, hein? Par les réseaux sociaux. Sur nos ordiphones.

Mais les samedis, "nan, mais les samedis, tu comprends, c'est des fachos".

Très peu pour nous.

Des fachos, ah ouais.

Comme les gilets jaunes, en somme.

Déjà là, nous avions de sacrés sangliers sur le feu, les samedis. Ah ouais!

Metaverse n'existait même pas, mais les sangliers, si! Enormes, ils étaient.

On avait déjà mieux à faire.

Y avait pas le signal. Celui qui dit : "cette fois, c'est sérieux!".

"Un homme sous un porche s'abritait

Et il a crié ton nom

Barbara

Et tu as couru vers lui sous la pluie..."

Il y a quelques années, c'était hier, un universitaire communiste à l'accent franc et rugueux...

J'attendais son signal. Mais il doit être mort, le bougre! Ou tout comme.

En "pass" de passer larme à "gôche".

En tout cas il est taiseux.

Mais toujours de "gôche". Même mort. Même mort, il reste de "gôche", j'en suis sûr, ... mais il ne se mélange pas.

Il a sa conscience. Sur metaverse? Sa conscience! Qui ne lui donne aucun signal.

Sa conscience, son QR-Code, et son "pass". Son passe-droit. Pour continuer d'aller au ciné.

Y en a, de la culture, qui en ont renvoyé un, de signal.

Des juristes, aussi.

Des médecins.

La défenseure des droits.

Et même, même, quelques jeunes femmes, fières et valeureuses, si près de nous, à Strasbourg, qui se sentent "responsables, vitalement, passionnément, brutalement responsables, de l'avenir collectif de notre société."

Et même, même, même, quelques collègues du supérieur.

Mais bon sang : ils doivent être en-dessous de tout, ces signaux!

Puisque l'universitaire communiste à l'accent franc et rugueux n'entend rien.

Puisque, dans ma salle des profs, on n'entend rien.

Et puisque les samedis, pour nous,

nous profs, nous syndicats, c'est -apparemment- : sanglier, metaverse, netflix, soldes, pizza, ibiza?

Ou quelque autre chose de plus exaltant, que je n'aurais pas deviné? Mais vous ne m'en parlez pas.

Un secret bien gardé ?

Des sushis par deliveroo?

Travaille, consomme, et ferme ta gueule!

Collègues, amis, camarades : qu'avons-nous fait de nos âmes?

"Who is society? There is no such thing! There are individual men and women and there are families and no government can do anything except through people and people look to themselves first."

Thatcher, Margaret. 1987. 'Interview for "Woman's Own" ("No Such Thing as Society").' in Margaret Thatcher Foundation: Speeches, Interviews and Other Statements. London.

Reçu, d'un ami d'un ami :

"Un jour, tu te pointeras au cinéma avec ton pass, mais le lecteur ne l'acceptera pas. Tu ne verras pas le film.

Le lendemain matin, tu iras voir le médecin qui t'a fait le pass, même le docteur ne pourra pas comprendre ce qui ne va pas avec ton pass.

Alors tu iras à la sécu.

Et ils verront qu'il y a un blocage de ton pass et ils te diront d'aller à la mairie =>

« Monsieur, vous n'avez pas déposé de déclaration d'impôts ! »

Quel rapport avec le pass ?

Le blocage fiscal a été inséré dans le pass.

Alors tu appelleras ton comptable, tu l'engueuleras, tu lui diras que ton pass est bloqué.

Le pauvre en 24 heures te fera la déclaration.

Tu retourneras à la commune, mais le pass ne se débloquera toujours pas...

L'employé consultera ton dossier dans son ordinateur :

Monsieur, je vois que vous n'avez pas encore payé une amende pour n'avoir pas respecté un stop !

Alors tu te sentiras impuissant face à ce qu'il t'arrive.

Et là, tu commenceras à comprendre pourquoi le gouvernement insistait pour que tu t'habitues au pass et au tout numérique...

Toi qui pensais que tout cela était passager et qu'ils faisaient ça pour ton bien parce qu'ils tenaient à ta santé...

Grâce à ta docilité ils nous auront tous privés de nos libertés et pourront nous mettre à genoux pour n'importe quel motif !!!

Au cas où tu penserais qu'à ce moment-là, tu pourrais fuir, n'oublie pas que ce sont les Chinois qui ont inventé le pass et qu'il est impossible (pour un résident Chinois) de sortir du pays sans ton pass....

Et peut-être qu'à ce moment-là, tu réaliseras que ces manifestants qui criaient ′′No Pass′′ N'étaient pas aussi cons et égoïstes que tu le pensais !!!"

"Camus a raison de ne pas confondre la démocratie avec la loi de la majorité. Mais sa
définition correspond davantage à un idéal à atteindre qu'à la réalité historique. Il semble au
contraire que la démocratie tende à menacer la minorité au nom d'une vision volontiers uniforme
du droit et d'une conception autoritaire de la loi. Aussi, il est plus juste de définir la démocratie
comme le combat salutaire de la minorité pour obtenir la protection des lois. De la sorte, la majorité
peut échapper à ses dérives autoritaires. Toutefois, on peut se demander comment la minorité peut
faire rester audible quand s'instaure le règne d'une opinion tyrannique."

"L'avocat Arié Alimi nous avait avertis : les mesures d'exception s'inscrivent dans le droit commun. L'état d'urgence marque l'ordinaire. Rogne sans retour entier sur les libertés fondamentales. La CNIL nous avait avertis : « Le législateur doit tenir compte du risque d'accoutumance et de banalisation de tels dispositifs attentatoires à la vie privée et de glissement, à l'avenir, et potentiellement pour d'autres considérations, vers une société où de tels contrôles seraient la norme et non l'exception. » On ne cède jamais impunément au technocontrôle d'État : notre capitulation se paiera au décuple." Joseph Andras