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mercredi 13 mai 2020 à 23h59

ECHANGE L’AP-HP demande aux soignant.e.s contaminé.e.s de continuer à travailler

L'AP-HP demande aux soignants contaminés par le covid-19 de continuer à travailler !

dimanche 26 avril 2020

"Faute de protection, des soignants souffrent, contaminent et succombent », titre ce dimanche Mediapart qui fait état d'une enquête très alarmante, dont voici un extrait.


Un membre du personnel soignant dans un couloir de la clinique Ambroise-Paré, le 15 avril 2020. © Nathan LAINE / HANS LUCAS / AFP

"Des milliers de professionnels de santé et de pompiers sont aujourd'hui contaminés. Certains souffrent et meurent. D'autres continuent à travailler, et propagent ainsi le virus. L'AP-HP envisage pourtant de systématiser ce fonctionnement, selon une note interne obtenue par Mediapart."

"Leur situation n'est jamais évoquée dans les statistiques diffusées chaque soir par le directeur général de la santé Jérôme Salomon. Pourtant, pas assez protégés, les soignants tombent malades, contaminent leurs propres patients, leurs proches, et meurent de l'épidémie. Le phénomène, d'une ampleur inédite, suscite l'inquiétude et l'exaspération de soignants, qui ne devraient pas être rassurés par une note interne de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) que Mediapart s'est procurée : le navire amiral des hôpitaux français prévoit de continuer à faire travailler, dans la perspective du déconfinement, les soignants testés positifs au Covid peu symptomatiques et non immunisés."

« Induire une politique large d'éviction (des PCR + [testés positifs] pas ou peu symptomatiques ou des non immunisés) rendrait impossible la continuité du système des soins », écrivent le 13 avril les responsables de l'AP-HP, Martin Hirsch, son directeur adjoint François Crémieux, son directeur médical de crise, le professeur Bruno Riou, et son directeur de la stratégie de transformation de l'AP-HP, Frédéric Batteux.

"La direction de l'AP-HP organise ainsi la mise en danger des soignants mais sait que cela ne va pas être facile à faire avaler :
« Cela sera un point très délicat à discuter et à faire accepter avant de commencer le dépistage à large échelle dans ces populations ». D'autant que le personnel est déjà exposé aux risques de « l'épuisement, du burn-out et du stress post-traumatique », exacerbés par « les premiers décès qui surviennent parmi les soignants » et par « l'extrême frustration de devoir toujours rationner les équipements de protections et certains médicaments », est-il dit dans la même note.

A l'AP-HP, 4 275 soignants ont présenté des tests positifs au Covid-19. « 7 sont en réanimation et 3 sont décédés », selon Olivier Youinou, co-secrétaire du syndicat SUD Santé.

Et le nombre de cas dans les établissements sociaux et médico-sociaux s'élève, au vendredi 24 avril, à 14 797 (225 nouveaux cas en 24 heures), dont 8 942 pour les seuls Ehpad de la région, selon un document interne de l'Agence régionale de santé Île-de-France que Mediapart a pu avons pu consulter .

À Strasbourg, 570 professionnels des hôpitaux universitaires ont été dépistés Covid positifs au jeudi 23 avril, dont « 235 » sont revenus au travail, indique l'établissement.

« En France des soignants continuent à travailler alors qu'ils sont positifs », confirme le professeur Éric Caumes, chef de service des maladies infectieuses à la Pitié-Salpêtrière.

"Le blocage des chaînes de contamination bute aussi sur un problème structurel : le manque de matériel de protection. « Rien n'est réglé ! Quand le gouvernement dit qu'il a répondu aux problèmes, c'est faux. À 15 jours du déconfinement du 11 mai, le problème du matériel de protection n'est toujours pas solutionné, c'est inimaginable », s'agace Astrid Petit, sage-femme et membre de la direction fédérale de la CGT.

Faute de recensement public, le syndicat a lancé, depuis la fin du mois de mars, ses propres enquêtes nationales sur les contaminations de soignants et le manque de matériel. Les deux premières ont montré un « bond impressionnant » des taux de contamination. « Dans les premiers résultats, le 6 avril, nous avions 2 746 soignants contaminés sur 400 000 salariés, ce qui représente un taux de contamination six fois supérieur à celui de la population. Lors de l'actualisation de l'étude, le 16 avril, nous étions à 6 676 soignants contaminés, alors que nous avons eu moins de réponses (132 syndicats, représentant 273 000 salariés). » Surtout, la CGT a enregistré 10 agents décédés du Covid-19 au 16 avril, contre un seul dix jours plus tôt.

Une nouvelle enquête, dont les résultats sont en cours de traitement, sera publiée dans les prochains jours. Dans des résultats intermédiaires, au 23 avril, 62 % des interrogés ont répondu « oui » à la question « Manquez-vous de matériel de protection ? ». Dans l'ordre, les soignants ne s'estiment pas assez dotés en blouses de protection (dans 75 % des réponses ; relire par ailleurs notre enquête ici), ensuite en masques de protection FFP2 (dans 56 % des réponses), puis en masques chirurgicaux."

Source : Lire l'article intégral de Caroline Coq-Chodorge, Pascale Pascariello, Antton Rouget et Matthieu Suc, publié ce 26 avril sur :https://www.mediapart.fr