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mercredi 22 janvier 2020 à 10h

Rentrée des luttes à l'Université

Toutes et tous en lutte : c'est la rentrée!

--> 10h - Atelier banderoles, prises de paroles et piquets de grève devant le Patio et dans la MISHA.
--> 11h30 - Restauration à prix libre.
--> 13h - Départ en cortège pour rejoindre la manifestation de l'inter-secteur locale partant à 14h de la place de la Gare.

Rappelons que jeudi est organisée une marche au flambeau à 17h30 place Kléber et que vendredi 24 janvier aura lieu la grande mobilisation nationale interprofessionnelle, jour de la présentation du projet de loi des retraites en Conseil des ministres!

Le mouvement de grève contre la réforme des retraites et la précarité de nos conditions continue malgré tout depuis le 05 décembre 2019 maintenant.
Le constat que l'on peut faire de ces derniers jours est que des initiatives locales germent partout sur le territoire ; les inter-secteur se structurent, les liens se renforcent et les actions communes et solidaires, qu'elles soient symboliques ou de blocage économique et administratif, contribuent à développer l'énergie du mouvement en direction d'autres pans d'une société qui soutien encore largement cette lame de fond (à plus de 65%).

Pour développer la convergence à notre échelle, cette journée de rentrée des luttes à l'Université est organisée par les étudiant.e.s et personnels, en lien avec l'inter-secteur locale (avocat.e.s, archéologues, cheminots, professeurs, enseignant.e.s-chercheurs.euses, lycéen.ne.s, chômeurs.euses, gilets jaunes, etc.).

Les étudiant.e.s mobilisé.e.s revendiquent :

- Baisse et gèle des loyers des cités Universitaire, de nouvelles chambre et la rénovation du parc existant.

- Puisque le coût de la vie augmente (près de 3% en 2017-2018), augmentation des bourses pour nous permettre de vivre au-dessus du seuil de pauvreté.

- Pour la titularisation des vacataires qui forment souvent la moitié des effectifs des universités (plus de 5100 à Strasbourg en 2017-2018) et la suppression de ce non-statut.

- Amélioration immédiate des conditions des personnels universitaires précaires : mensualisation des salaires, augmentation du taux horaire au moins à hauteur du SMIC, paiement des arriérés et des missions non rémunérées, etc.

- Annulation de l'augmentation des frais d'inscription pour les Étudiants étrangers hors UE.

- Amélioration de l'accueil et des conditions de vie des étudiants étrangers : leur permettre de comprendre les démarches administratives, faciliter leur intégration et inscription donnant automatiquement droit à un titre de séjour.

- Annulation de la baisse de moitié (de 60 millions à 30 millions) des fonds sociaux pour l'éducation de la maternelle au lycée et permettant aux familles les plus fragiles de se nourrir ou d'acheter leurs fournitures scolaires.

- Suppression du SNU (Service National Universel) visant à encadrer la jeunesse.

- Gratuité inconditionnelle de l'Université pour toutes et tous, notamment pour les étudiant.e.s hors UE : suppression des 90e du CVEC et des frais d'inscription.

- Gratuité des transports pour toutes et tous.

- Retrait de la réforme des retraites privatisant notre système de solidarité sociale et de l'assurance chômage qui ne fait que baisser le montant de nos allocations alors qu'une partie de notre salaire y est versé, en plus de stigmatiser les chômeurs.

- Augmentation du taux horaire du salaire minimum pour toutes et tous.

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Au-delà des chiffres froids et lointains, il y a de quoi se réjouir lorsque l'on prend conscience de l'ampleur du spectre des luttes. Les secteurs fers de lance des transports ont véritablement passé le relais à d'autres secteurs clés non moins importants. :

- Fatigue, propagande, répression, pressions hiérarchique, les cheminots et agents de la RATP restent mobilisés depuis plus de 40 jours et leur détermination a largement participé à étendre la contagion à d'autres secteurs. Si les taux de grévistes ne sont plus ceux du début à la SNCF, les travailleurs.euses en lutte continuent à agir en coordination avec les autres métiers et entretiennent la dynamique pour la faire durer, conscients que le bras de fer durera.

- De son côté la justice vie un mouvement jamais vue : après 3 mois de mobilisation contre une loi de "Programmation de la Justice" et l'augmentation de leurs cotisation, 100% des barreaux sont entrés en grève dure, entraînant l'annulation d'audiences et la libération de prévenus sans procès. Il y a quasi-unanimité autour de la destruction des retraites solidaires et transgénérationnelle. Pour eux, les tribunaux sont des "ZAD à défendre".

- Dans l'énergie, c'est une montée en puissance à laquelle nous assistons. Les 8 raffineries, toujours, ponctuent la grève par des blocages et l'arrêt des distilleries. Si la situation fluctue d'un ensemble à l'autre et d'une journée à l'autre en fonction des décisions des Assemblées Générales, toutes (les 8) sont mobilisées à un niveau ou à un autre et font pesées une réelle menace sur le gouvernement. En parallèle, dans certains dépôts plus rien ne sort, des actions de sabotage sont menées par les travailleurs.ieuses de l'électricité (coupure de courant dans les préfectures et les commissariats, ou remise en marche chez les "précaires de l'énergie") et les grands ports du fret maritime sont tous bloqués depuis quelques jours (Marseille, le Havre, Dunkerque notamment).

- La Culture (au sens large) se mobilise aussi très largement, de l'Opéra de Paris et ses représentations gratuites sur le parvis, aux musées (dont Versailles) et châteaux en grève, en passant par les BNU, les archives et les multiples actions de blocage visant des sites majeurs, comme récemment au Louvre où archéologues et personnels ont occupé les lieux pendant une journée. Il n'y a souvent plus d'autres choix pour eux que de partir en bataille : avec la réforme de l'assurance-chômage, entrant complètement en vigueur en avril prochain, des métiers de la culture risquent de littéralement disparaître.

- Dans l'éducation, les professeurs sont rejoints par les lycéens et durcissent leurs moyens d'actions après plusieurs mois de contestation des nouvelles réformes Blanquer. En région parisienne comme en province, des établissements sont bloqués, des piquets de grève sont mis en place, des discussions amorcées avec les parentes pour expliquer la nécessité d'une mobilisation et un appel à la rétention des notes du Bac est lancé. Une véritable jonction s'opère, capable de légitimer un mouvement lycéen d'ampleur et de mettre en échec les moyens répressifs (policiers et administratifs) mis en oeuvre pour bâillonner et faire douter les jeunes.

- Les personnels hospitaliers continuent depuis des mois et, comme dans d'autres secteurs, n'ont plus d'autres moyens que de durcir les moyens d'action : un nombreux croissant de médecin sont prêts à démissionner (lus de 600 médecins aux dernières nouvelles) et, à l'initiative d'une coordination nationale (soignants/médecins), une grève des codages se développe dans tous les établissements hospitaliers pour combattre la logique de "l'hôpital-entreprise". Celle-ci consiste à ne pas transmettre le codage informatique des actes médicaux permettant la facturation des soins.

- Avec la loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche déjà annoncée par Antoine Petit en novembre, à l'Université l'ambiance devient électrique chez les enseignant.e.s - chercheurs.euses. Des Etats Généraux sont appelés début février pour tenir tête à la marchandisation de la recherche (austérité budgétaire, fin du statut d'enseignant.e.s - chercheurs.euses, constitution de grands monopoles laborantins, fiches d'évaluation des chercheurs.euses, nouveaux contrats précaires à la mission du type CDI-travaux...). Dans les labos, les Assemblées Générales se mettent en place et dès le début de la semaine du 20 janvier la mobilisation va commencer à se structurer concrètement (piquets de grève, prises de parole, etc.). La jonction entre étudiant.e.s, mobilisés depuis novembre malgré les examens sur la question de la précarité, les personnels et les chercheurs.euses, offrant leur capital légitimité, peut littéralement faire exploser la chape de plomb de l'excellence libérale qui embourbe l'Université.

Sans compter les bûcherons et les pompiers continuant à lutter pour de meilleures conditions de travail, les éboueurs.euses amorçant un mouvement au même moment que les dockers, la radio publique menacée de réduction de postes, ainsi que la grève des employé.e.s de la Banque de France faisant fermer les guichets et planer le risque d'une pénurie de billets!